Conséquences

Impact sur la santé

La santé humaine étant à de multiples égards sous la dépendance, tantôt directe et tantôt indirecte, du contexte climatique, la tentation est grande d'établir un inventaire des conséquences sanitaires les plus plausibles d'un tel réchauffement.

1) Impact direct sur la santé

Il ne fait guère de doute qu'un réchauffement moyen de 2° C soit suffisant pour exercer, dans le domaine des maladies non transmissibles, un impact direct, du fait des perturbations que l'état de l'atmosphère introduit dans le fonctionnement de l'organisme humain. Le climat peut alors intervenir comme authentique facteur causal de la maladie, voire du décès, en cas de surexposition à des conditions très agressives, on pense au coup de chaleur ou à la déshydratation aiguë.

L'action du climat peut aussi s'exercer par effet cumulatif. Il est, par exemple, permis de craindre qu'une succession d'étés ensoleillés n'entraîne, chez les sujets a peau claire, des types de cancers cutanés.

Bien évidemment, les effets liés à l'augmentation de la charge thermique seront davantage ressentis par les sujets qui sont déjà sensibles pour d'autres raisons, en particulier les personnes âgées, voire très âgées, les malades chroniques, les nourrissons et les jeunes enfants.

Il faut s'attendre à ce que les nouvelles dispositions thermiques régnant au XXIéme siècle déterminent une assez franche surmortalité de saison chaude. Seraient sans doute spécialement touchées les couches les plus âgées de la population, les catégories sociales les moins favorisées, ainsi que les femmes qui au-delà de la soixantaine, présentent plus fréquemment que les hommes des troubles au niveau de la régulation de la température interne.

En fait, tout devrait dépendre de la brutalité avec laquelle s'opérera le réchauffement. S'il se produit progressivement, presque imperceptiblement, les conséquences sanitaires ont toutes les chances de rester mineures, l'organisme ayant le temps de s'adapter (s'acclimater) à son nouvel environnement thermique. Mais à l'inverse, si l'évolution se fait par à coups relativement violents (et certaines recherches le suggèrent ou, en tout cas, ne l'excluent nullement), les conséquences risquent au moins dans un premier temps de s'avérer beaucoup plus inquiétantes.

Le climat peut avoir des impacts variés sur l'appareil respiratoire, dans la mesure où interviennent à la fois les saisons, certaines situations météorologiques particulières (orage…) et la combinaison de l'action du temps qu'il fait avec celle d'autres facteurs environnementaux (qualité de l'air, notamment). On pourrait voir s'accroître le nombre de personnes atteintes de maladie comme l'asthme. En effet, un réchauffement du climat amènerait inévitablement le déplacement vers le nord de l'aire de répartition de nombreuses espèces végétales, dont certaines fortement allergisantes, tandis que la plus grande fréquence du "beau temps" chaud et ensoleillé, en tout cas exempt de fortes précipitations, augmenterait les quantités de pollen libérées dans l'aire.

En relevant la température centrale de la mère et du fœtus au-delà des 37° C qui signent la "bonne santé", l'accentuation de la chaleur estivale aurait une forte probabilité d'entraîner une élévation sensible du taux d'enfant prématuré. C'est en tout cas ce que l'on observe aujourd'hui en situation caniculaire, où les accouchements avant terme se multiplient.

2) Effets indirects sur la santé

Nous avons surtout jusqu'ici évoqué des effets directs du réchauffement du climat sur la santé. On ne peut cependant pas exclure des effets plus subtils.

On pourrait craindre une augmentation des intoxications alimentaires dues à une mauvaise conservation des denrées alimentaires et tout spécialement des aliments d'origine animale.

Le réchauffement du climat, combiné au progrès technique, devrait susciter un considérable engouement pour la climatisation de sécurité ou de confort des habitations, des locaux professionnels, des moyens de transport et des hôpitaux. Or, depuis 1970, l'attention du corps médical est régulièrement attirée sur les risques de contamination possible des systèmes de climatisation. Cette fois, la prévention doit avant tout être demandée à la technologie. Si l'on veut réduire les risques de contamination, il convient en premier lieu de perfectionner les dispositifs de filtration de l'air.

3) Effets d'un réchauffement sur les maladies à vecteur

Nous plaçant dans l'hypothèse d'un réchauffement climatique moyen de l'ordre de 2 °C, plus marqué en été et sur le sud du pays, on peut tenter de prévoir quelles pourraient être les conséquences en matière de santé à moyen ou à long terme. Les plus complexes des maladies à vecteur, sont celles dans lesquelles la transmission de l'agent infectieux qui peut être un virus ou une bactérie, est assurée par un vecteur, c'est-à-dire un insecte ou un acarien.

L'impact d'un réchauffement au niveau de l'intervention du vecteur peut, en théorie, se manifester de plusieurs façons :
- modification de la répartition géographique du vecteur
- allongement de la longévité du vecteur, en cas d'augmentation parallèle de l'humidité, ce qui augmenterait sa capacité vectorielle
- raccourcissement de la durée d'incubation (durée de l'indispensable développement dans l'organisme du vecteur), ce qui faciliterait la transmission.

Il convient de considérer ici les risques éventuels d'importation de maladies "exotiques".

Il ne faut certainement pas s'alarmer plus que de raison, mais il est incontestable que certaines situations demanderont à être surveillées de près. Il sera donc essentiel d'être prêt à mettre en place, le moment venu, une surveillance épidémiologique, qui soit fiable et permanente ; ce qui ne sera pas forcément facile car cela peut se révéler assez onéreux.